Faire respirer les blancs
Peindre à l’aquarelle n’est pas seulement colorer une feuille, mais également laisser des parties blanches. Un peu comme les silences en musique amènent le contraste, donc le rythme, donc la respiration.
Préserver les espaces blancs des zones humides peut être délicat, surtout si les taches sont petites ou de forme complexe. C’est là que le masquage entre en jeu.
Il existe différentes techniques de masquage, la principale étant le liquide à masquer, mais également la cire, les bandes adhésives. Nous allons toutes les aborder dans cet article.
Mais réserver le masquage aux cas de nécessité
Théoriquement, on n’a pas besoin de masquer le papier avec des produits si on fait attention à ne pas peindre les surfaces que l’on veut laisser en blanc.
Les puristes en aquarelle d’ailleurs n’utilisent pas de masquage, et à la place cloisonnent les zones laissées blanches. En effet, le papier est une matière sacrée pour les aquarellistes, et gommer ou pire appliquer un produit adhésif le détériore.
Cloisonner signifie laisser des zones vierges , tout simplement ne pas les humidifier et ne pas les peindre. C’est précis au millimètre et nécessite beaucoup d’attention.
Sur cette aquarelle Le Dandy au Smartphone , aucun procédé de masquage. Le fil du téléphone est laissé blanc par omission.
La cire
La cire résiste à l'eau, ce qui signifie que vous pouvez peindre sur la cire et les marques de cire resteront blanches. L’intérêt de cette technique est qu’elle respecte la texture du papier, et que selon la pression du crayon, vous pouvez garder les creux du papier colorés.
Plutôt qu’une bougie, utilisez un crayon de cire de gouache blanche. Si vous utilisez un crayon de cire pour enfant, il laisse un pigment blanc au lieu du papier original.
Il peut être très difficile de voir ce que vous avez dessiné, alors essayez de tenir le papier sous le meilleur jour pour dessiner au fur et à mesure.
La bande de masquage
Pourquoi la bande adhésive ? Voici 2 raisons
- Le liquide de masquage prend plus de temps à appliquer.
- Les formes qui ont été protégées avec du liquide de masquage doivent généralement être nettoyées après avoir retiré le masque. Elles semblent rugueuses et décalées avec le reste de la peinture. Il faut alors nettoyer les bords pour les adoucir et changer leur délimitation.
Le ruban de masquage lui donne un bord très propre (si bien coupé) qui n'a pas besoin d'être nettoyé après avoir été retiré.
Les trucs et astuces
- Utiliser un ruban pour peinture plutôt large. J’utilise le ruban de masquage Tesa. Le rouleau de 4 cm de large X 50 mètres coûte moins de 2 €.
- Avant de l’appliquer, le passer sur votre pantalon, pour réduire son adhérence. C’est super important, sans quoi vous risquez d’arracher le papier en le retirant
- Pour le retirer, appliquer un angle de 90°, voyez sur la vidéo.
Le liquide à masquer
C’est la technique de masquage majeure en aquarelle. Le principe est assez simple, et expliqué sur la photo à droite.
En principe, on utilise un vieux pinceau que l’on protège avec de l’eau savonneuse. Puis on verse quelques gouttes de liquide dans une coupelle, et on referme le flacon.
Les trucs et astuces
- Ne pas remuer le flacon avant de verser. Vous obtiendrez une substance pâteuse difficile à appliquer.
- Vous pouvez diluer en ajoutant de l’eau, mais avec parcimonie. Si la substance est trop liquide, la protection est moins efficace, et vous aurez plus de mal à la retirer.
- Utilisez des vieux pinceaux car le liquide les abîme. Il existe des applicateurs en silicone ou polymère qui sont parfaits pour cette technique.
- Vous pouvez utiliser toute sortes d’applicateurs, voir plus bas.
- Soyez patients, attendez le séchage complet sur votre papier avant de passer à l’aquarelle. Il faut compter environ une heure avant le séchage. N’utilisez pas de sèche-cheveux.
- Avant de retirer le masque, attendez que votre peinture soit totalement sèche. Vous pouvez le faire avec la pulpe de vos doigts, ou utiliser une gomme spéciale.
- Ne pas laisser le masque plus de 2 jours. Vous risquez ensuite d'arracher le papier en retirant le film du masque.
Les applicateurs
Vous pouvez utiliser à peu près tout ce que vous aimez pour appliquer du liquide de masquage sur le papier, et chaque outil contribuera à créer des effets différents. En plus des pinceaux, j'utilise des choses comme un stylo, des brosses à dents pour les effets d'éclaboussures, des éponges, des piquants de bambou et des «shapers de couleur» qui sont des outils en silicone traditionnellement utilisés pour la peinture, le mélange et la sculpture.
La technique la plus évidente et la plus directe pour utiliser du liquide de masquage est avec une brosse. Le fluide de masquage s'écoule bien d'une brosse et vous pouvez obtenir un long coup de brosse fluide. J'ai un ensemble de pinceaux synthétiques de différentes tailles de Frisk dont je suis vraiment content. Ils nettoient très bien tant que vous le faites rapidement après utilisation.
Un tire-ligne est un instrument de dessin qui peut être rempli de fluide pour dessiner des lignes. La plupart du temps, vous trempez la pointe dans de l'encre, mais vous pouvez également utiliser cet outil avec du liquide de masquage.
L’avantage avec un stylo règle est que vous pouvez faire glisser des lignes fines et précises, c’est donc un excellent moyen de masquer l’herbe, les cheveux, les moustaches, les fils ou tout ce qui doit être représenté avec des lignes fines.
Les applicateurs en silicone sont généralement appelés façonneuses de couleurs - aucune idée de la raison, mais elles constituent un instrument pratique pour la pose de liquide de masquage. Vous pouvez obtenir une variété de formes et de tailles de têtes. La tête en caoutchouc de silicone est assez élastique et agréable à utiliser et vous pouvez créer une variété de marques, y compris des détails assez fins. Ils doivent être plongés souvent dans le liquide de masquage. L'avantage de ces choses est que le nettoyage est évidemment simple.
Le bambou est utilisé pour la calligraphie et ne coûte pas grand-chose. Vraiment simple à utiliser et facile à nettoyer car il suffit de retirer le latex lorsqu'il est sec. Une variété de plumes qui permet d'appliquer des traits larges ou de très petits détails. Ils sont donc bons pour dessiner une variété de marques sur le papier. Leur seul inconvénient est qu'ils ne contiennent pas beaucoup de liquide, vous devez donc tremper la plume à plusieurs reprises dans le liquide de masquage.
Les éponges sont une façon amusante d'appliquer du liquide de masquage et de créer des effets de texture intéressants. J'utilise des éponges naturelles car elles ont une bonne variété de texture de surface. Il s'agit d'une excellente technique pour créer de beaux motifs sporadiques.
Pour utiliser cette méthode, votre éponge doit être humide avant de la tremper dans du liquide de masquage. Nettoyez l'éponge directement après utilisation pour retirer le liquide de masquage.
Vous connaissez probablement la brosse à dent pour appliquer des éclaboussures colorées à vos peintures. Mais une brosse à dents est tout aussi efficace pour créer des points blancs mouchetés afin d'ajouter de la texture aux aquarelles. Encore une fois, vous voudrez peut-être garder une brosse à dents spécialement pour une utilisation avec du liquide de masquage.
En pratique
Cet article devrait avoir allumé un fourmillement dans vos doigts, passons à la pratique.
Sur la droite, un détail d’une aquarelle l’Enfant aux épices , extrait de Ricochet. J’ai utilisé du liquide à masquer appliqué avec un vieux pinceau. J’ai masqué chaque lentille par dessus le fond ocre jaune, puis appliqué une peinture très sombre, à base de bleu outremer et brun de Vandyke qui sont des peintures que j’utilise souvent.
Le masquage m’a permis de faire varier la tonalité du fond noir, sans souci sur les lentilles. La couleur du fond est revenue après retrait du film de masquage.
Ensuite pour peindre les lentilles, il était facile d’utiliser les couleurs du tableau, entre le brun et le bleu pour donner en transparence la luminosité que je recherchais.
Notez que les grains de riz en bas à droite eux sont peints sans technique de masquage.
Les masques en papier peuvent également être utilisés comme une forme de pochoir. Un napperon en papier utilisé comme pochoir peut donner l'impression d'un voile ou d'un rideau en filet dans une nature morte. Maintenez fermement le napperon sur le papier et avec une brosse de type pochoir ou en répandant la couleur d'une brosse à dents, appliquez soigneusement la couleur sur la zone masquée. Lorsque suffisamment de peinture a été appliquée, soulevez délicatement le napperon. Un couteau à palette est utile pour soulever le masque proprement et avec netteté, car tout mouvement pourrait entraîner des taches de peinture et compromettre la zone protégée.
Et pour terminer
Je complète cet article par la préparation des ciels. Il me semble que peu de techniques de peinture peuvent rivaliser avec l’aquarelle pour la réalisation des ciels. J’ai bien en tête d’écrire un article sur les ciels d’aquarelle, mais revenons-en au masquage.
Les ciels sont peints le plus souvent sur des larges surface, dans la technique mouillé sur mouillé, avec un pinceau à lavis.
Autant dire qu’il est pratiquement impossible de préserver le contour de surfaces claires, dont le détail va contraster harmonieusement avec la majesté du ciel. Sur ces 3 images, vous avez les étapes de Américaine .
- La préparation avec les silhouettes des immeubles réservées au liquide à masquer.
- Le ciel est peint…Pour être honnête, j’ai du le recommencer plusieurs fois avant d’obtenir l’effet recherché. Les zones laissées blanches ne sont pas masquées.
- Et le tableau final.
