Le n° 30 de l’Art de l’aquarelle fait sa rentrée internationale sous le signe de l’eau. L'espagnole Nuria Meseguer déploie depuis son atelier des îles canaries de vastes fresques aquatiques. Aux antipodes, l'Américaine Rose Nygaard développe une abstraction gestuelle, et l'Uruguayen Alvaro Castagnet parcourt le monde.
Le portfolio est celui du Russe Kiril Bozhkov. Après ces portraits, nous rencontrons les britanniques Stephen Berry et David Poxon.
Nous visitons l’atelier de l’Iranien Kourosh Aslani. Après un focus sur l’aquarelliste chinois Zhou Tianya, tout un dossier sur les aquarellistes en voyage.
Sans oublier les rubriques habituelles (actualité, révélations et concours des lecteurs).

L'actualité

La Biennale de Sainte-Féréole

Proche de Brive-la-Gaillarde, Sainte-Féréole accueille bour cette biennale 2016 le couple Viktoria et Slawa Prischedko comme invités d’honneur.
Nombreuses démonstrations de Gilles Brunerie, Fernand Thienpondt, Thierry de Marichalar ainsi que Paty Becker pour ne citer qu’eux.


Autre temps fort de la Biennale, le concours : peindre la commune. Ce ne sont ainsi pas moins de vingt-huit artistes qui ont sillonné les rues du bourg.
La remise des prix vint récompenser Anne Huet-Baron.

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Paysage de Viktoria Prishedko


La biennale internationale d’aquarelle de Thessalonique

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Carren Sioson Yellow Canna

La seule organisation dédiée à l’aquarelle en Grèce est « Watercolor International », que Georges Politis a fondée. Son but est de promouvoir l’aquarelle et les techniques à l’eau en général, aussi bien en Grèce qu’à l’étranger.

   Nous avons vraiment de très bons artistes qui exposent cette fois-ci. Nous avons essayé de mettre la barre encore plus haut en invitant certains des meilleurs artistes du monde entier. Des trois expositions, celle-ci sera je pense la meilleure.
Dès lors que l’on ne parle pas d’aquarelle « pure », toutes les techniques à l’eau peuvent être acceptées comme de l’aquarelle, y compris la gouache, les encres acryliques, etc… Si ces techniques permettent aux artistes de créer des peintures magnifiques, c’est alors parfaitement acceptable.
Je pense que ce qui compte, c’est le résultat, pas la pureté de la technique nécessaire pour y arriver.   

Page 14 George Politis

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  Stanislasw Zoladz, Springtime.


      Révélations

 

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Ancrage 1. 58 x 38 cm

La Française Isabelle Seruch-Capouillez

    Entre une mère Française d’origine italienne et un père belge, les jalons étaient posés pour me sentir imprégnée de toutes ces influences. C’est en Belgique, dans la région de Mons, dans une famille ouverte à la culture, que dès mon plus jeune âge j’ai éprouvé le besoin de m’exprimer, entre autres, par le dessin. L’empreinte des peintres fl amants ou surréalistes m’a suivie durant mes études artistiques où j’ai acquis les bases validées par des diplômes d’arts plastiques et graduat d’arts graphiques.
À cette époque, j’étais attirée par les aquarelles de Folon mais c’est plus tard, après mon arrivée en France, au début des années 1980, que j’ai réellement découvert ma passion pour l’aquarelle, que j’ai essentiellement travaillée seule.
Je travaille l’aquarelle dans toutes ses possibilités, mouillé, sec, peu importe le moyen qui me permettra de traduire ce que je ressens. Habituellement, je ne recherche pas un sujet, c’est lui qui s’impose à moi et pas toujours de façon consciente.
Le thème « Ancrage » est né à la suite d’une invitation en Inde ; après mon retour, j’ai réalisé ces aquarelles qui expriment ma vision personnelle de ce voyage où l’humain est bien présent. J’aime peindre en extérieur sur le motif mais sans cette possibilité, je m’inspire de croquis et prises de vues pour recomposer ce que j’ai en tête. Parfois ce sont les couleurs qui me guident mais je ne suis pas véritablement coloriste, je travaille plutôt les valeurs et j’essaie d’être moins illustrative, toujours en recherche…    

Page 16 Isabelle Seruch-Capouillez

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The Glowing Bunch

L'Indienne Megha Kapoor

    Inspiré par l’impressionnisme, je vois les choses comme une impression de couleurs. J’aime être expressive avec mes coups de brosse audacieux et ma palette colorée. J’aime l’aquarelle maintenant que j’ai moins de temps pour peindre, et sa spontanéité m’a donné la liberté de le faire tous les jours. Mon art est aussi le témoin de ma profonde connexion avec la nature, avec la lumière, avec Dieu. J’étudie la nature dans mon atelier et fais aussi des études de plein air. J’aime peindre des fleurs car elles me poussent à être heureuse en toutes circonstances, et elles sourient à jamais à travers mes oeuvres.
Peindre ne veut pas dire que vous remplissez le dessin avec des couleurs. Être artiste, c’est laisser faire les choses. Vous avez juste à planifier dans votre tête et en même temps votre pinceau doit aller avec le courant : cela vient avec une pratique constante.
J’éprouve une immense béatitude pendant que je m’adonne à l’acte de peindre, qui est pour moi comme une méditation. Je crois vraiment dans le dicton qui dit que « la pratique de l’art ne sert pas à gagner sa vie, mais à faire grandir votre âme ».    

Page 17 Megha Kapoor

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Gabriel Garcia Marquez. 2014. . 60 x 90 cm

Le Colombien Carlos Ortega Delgado

C’est à l’âge de 8 ans qu’il se rendit compte de sa capacité à copier tout ce qu’il voyait en détail, notamment au moyen de la sculpture. Reproduire des cartes géographiques lui était aussi très facile. Puis il fit le portrait de ses professeurs et camarades de classe.
À 18 ans, durant son service militaire, il entretint sa relation à l’art en dessinant des figures humaines dans son carnet, thème qui lui est toujours cher aujourd’hui.
Dégagé des obligations militaires, quatre ans plus tard, il se mit à voyager en Équateur, pays limitrophe. Pour gagner sa vie, il se fit dessinateur de rue, notamment le long du Malecon de Guayaquil. La nature devint sa source d’inspiration principale.
Il travailla aussi avec un modèle qui lui permit d’approfondir sa connaissance du corps humain… et de commencer à vendre des toiles. Développant son instinct de peintre et perfectionnant son art, Carlos se mit à fréquenter assidûment les galeries d’art et y rencontra l’artiste renommé Oswaldo Guayasamin, qui fut son professeur à l’académie des arts de Guayaquil. C’est là qu’il étudia les peintres Luis Caballero, Joaquin Soroya, Steve Hanks, Diego Velázquez, Albrecht Dürer, entre autres.
Il découvrit l’aquarelle, qu’il se mit à étudier consciencieusement. Au bout de quelques années, il fut capable de donner des cours de portraits, de fresque, etc. Il est aujourd’hui graphiste.

Page 18 Carlos Ortega Delgado

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Play. 2015. 28 x 38 cm

Le Serbe Endre Penovac

    Ma manière de peindre à l’aquarelle s’apparente à ce qu’est notre monde. Le prévisible et l’imprévisible, ce qui est planifi able et ce qui ne l’est pas en sont partie intégrante. Ce que nous avons préparé de longue haleine ne nous satisfait jamais autant que les miracles, l’imprévu. C’est pourquoi je me sers de l’aquarelle d’une manière qui permette à la couleur et à l’eau de «faire des miracles» sur le papier. L’être humain est aussi comme cela, un mélange de sensibilité et de raison. À parts inégales, certes, mais qui font partie d’un tout chez tout le monde.
À la lumière de cela, le sujet d’une peinture est secondaire pour moi. Cependant, en art, trouver quelque chose à dire de nouveau et de magique n’est possible que si on connaît bien son sujet. Ainsi, c’est naturel ; pour ma part, je trouve l’inspiration dans mon environnement.
À titre d’exemple, un de mes personnages principaux est notre chat noir, Boszi (qui veut dire « sorcière » en français). Cela fait des décennies que je peins à l’aquarelle. J’ai été captivé par son dynamisme, et le défi qu’elle représente pour le peintre. À certains égards, il y a confl it entre le peintre, l’eau, le papier et les pigments. S’ils s’harmonisent, s’ils se comprennent les uns les autres, alors cela peut donner naissance à une grande peinture : le peintre est capable d’exprimer ses pensées, les pigments submergent l’eau et ensemble ils adoptent le papier bienveillant.    

Page 16 Endre Penovac

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Tea Break. 2016. 56 x 38 cm.

La peinture préférée d'Angus McEwan

    Tea Break est un moment préservé pour l’éternité, un instant figé où une personne pose sa tasse et son journal sur son bureau et quitte la pièce pour ne plus jamais revenir. Pourquoi n’est-elle pas revenue ? Pourquoi n’a-t-elle pas récupéré son manteau, nettoyé sa tasse ou jeté le journal dans la corbeille ?
On a le sentiment que le propriétaire du manteau va revenir bientôt, jusqu’à ce que l’on comprenne qu’il y a des toiles d’araignée dessus. Je suis tombé sur cette scène par hasard, dans un vieux moulin à bois en Écosse ; les outils et les objets semblaient tout droits sortis des années 40. Il s’agit de quelque chose d’un peu différent de mes sujets habituels, mais c’était une idée qui me trottait dans la tête depuis un moment.
Il y a une atmosphère calme et magnifi que dans cette scierie ; je voulais saisir la légèreté de la lumière tandis qu’elle fi ltrait à travers les vieilles fenêtres. Le défi pour moi était de rendre non pas les textures mais les contours, doux et fondus.
J’ai ainsi peint et repeint un grand nombre d’endroits jusqu’à ce que je sois satisfait du résultat. La partie en bas à gauche en particulier m’a donné du fil à retordre : elle devait être suffisamment sombre tout en recelant assez d’indices visuels pour que l’on puisse discerner les différents éléments.
Difficulté supplémentaire, j’ai utilisé du miel comme liant, ce qui a rendu brillantes certaines parties de la toile – ce que je ne souhaitais pas. J’ai ainsi dû repeindre complètement les pieds de la chaise avec une autre peinture, beaucoup plus mate.    

Page 92   Angus McEwan

 

Ma dernière peinture

 

Ces artistes ont déjà été publiés dans l'Art de l'Aquarelle, nous retrouvons leur dernière peinture.

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Midnight blues
Ona Kingdon
43 X 69 cm

Cette peinture a une palette très limitée, mais utilise une grande gamme de valeurs afi n d’augmenter le contraste entre la lumière et l’ombre.

22b

L'usine à tanins 1,
Théo Sauer
52 X 76 cm

Les feuilles qui miroitent dans la lumière donnent à cette oeuvre une impression de 3D.

23a

At the End of the Day,
  Atanas Matsoureff
76 X 56 cm

La veste représente la mémoire de la vie d’une personne tout en étant le symbole de notre quotidien

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Traces,
George Politis
38 X 56 cm.

L’accent est mis ici sur les diagonales fortes et les contrastes intriguants. »

 

24a

Roma,
Patricia Castelao
56 X 76 cm

Respecter les gestes du modèle ainsi que les autres détails sans perdre la fluidité de l’aquarelle

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Street to Dubar Square
Ong Kim Seng
53x73 cm

Très rapidement, la foule a commencé à s’amasser autour de moi : je ne pouvais même plus voir mon sujet !

25a

Anvers, villa à la mode,
Xavier Swolfs
76x56 cm cm

Je m’émerveille du blanc de l’eau et des couleurs comme tous les enfants d’un couple de bonheur.

25b

Torg,
Lars Lerin
Lumière dans l'Est

J’accorde beaucoup d’importance à la représentation des sources lumineuses, lampadaires ou fenêtres éclairées.