Le n° 29 de l’Art de l’aquarelle, paru le 1er juin 2016. Il proclame la diversité entre l'abstraction de la belge Liliane Goossens ou de la Française Agnès Le Dantec, les sujets traditionnels traités soit de façon conventionnelle comme le portfolio du chinois Yu Siu-Lin, soit sous un angle nouveau comme les instantanés du Suédois Lars Eje Larsson ou les fleurs de l’Allemande Elke Memmler.
Mais nous commençons par l'actualité du salon de Rochemaure et de la La 204e exposition de la RI à Londres, plus la traditionnelle ma dernière peinture, avant de partir à la rencontre des gracieuses danseuses d'Anna Ivanova.

Réalisme des décors du français Alain Page et des personnages de l'Américain Gary Akers qui réhausse les contrastes pour jouer avec la lumière.
2ème rencontre avec les bateaux de l'Anglais Ian Ramsay et Les reflets surprenants de la Chinoise Jia.Li.
Et pour finir, le péruvien Dario Callo Anco dans un lieu un artiste, une démonstration de l'Américain Carl Purcell.

L'actualité

Le Salon de Rochemaure

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un nouvel espace d’exposition avec un matériel très professionnel

Les invités internationaux :
Graham Berry (Royaume-Uni), Ekaterina Ziuzina (Biélorussie), Ilya Ibrayev (Russie), Anna Ivanova (Russie), Serge Lisiy (Lituanie), Ali Abbas Syed (Pakistan), Frutos Casado de Lucas (Espagne), Cesc Farre I Sendros (Espagne), Amit Kapoor (Inde), Milind Mulick (Inde), Igor Sava (Italie), Massimiliano Iocco (Italie), Pawel Gladkow (Pologne), Minh Dam (Vietnam/Pologne),   La Fe (Thaïlande), Christiane Bonicel (France), Christine Crehalet (France), Hélène Darmagnac (France), Thierry de Marichalar (France), Hervé Espinoza (France), Yvonne Ferrero (France), Roland Génieux (France), Franck Hérété (France), Michel Kolsek (France), Michel Rabault (France), Pierre Valaincourt (France)

 


Dans notre recherche de diversité et de qualité des travaux d’aquarellistes, c’est tout naturellement que nous sommes ouverts à l’étranger. En 2014, 60 % des artistes sont venus de l’étranger et il en sera de même pour 2016. C’est bien entendu un énorme travail de préparation pour recevoir tous ces artistes et leurs accompagnants : obtention des visas, logement, repas, encadrement des oeuvres… Leurs oeuvres sont exposées au Salon et sont mises en vente à des prix attractifs. Lorsqu’une oeuvre est vendue, elle est immédiatement remplacée par une autre que nous avons en stock.

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Les roses de Jean-Claude Papeix


Biennale du Teich

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Fernand Thienpondt, Dreaming in the Park, 75 x 105 cm.

La quatrième Biennale d’Aquarelle du Bassin d’Arcachon organisée par l’association « Arts et Loisirs » s’annonce du 6 au 21 août 2016 dans la grande salle polyvalente du Teich, en Gironde. Cette exposition, désormais événement incontournable de l’été, regroupera 71 aquarellistes autour des deux invités d’honneur,   Marc Folly et Fernand Thienpondt. Le grand prix de la biennale, le prix spécial du jury, le prix du public seront attribués au cours de la manifestation. Le public pourra assister à des démonstrations gratuites presque quotidiennes ou participer à des stages animés par des peintres exposants. Grâce à une tombola, des aquarelles originales seront à gagner. La visite du Bassin d’Arcachon

La 204e exposition de la RI à Londres

Nous avons un grand nombre de prix qui permettent de couvrir autant que possible les différents aspects de l’aquarelle. Un seul d’entre eux est donné uniquement aux membres de la RI tandis que tous les autres sont ouverts à tous les exposants, qu’ils soient membres ou non. Certains prix sont attribués pour leur maîtrise technique dans un domaine tel que le dessin, le paysage ou l’utilisation de la couleur. D’autres sont décernés spécifiquement à des jeunes artistes ou pour encourager l’innovation et l’expérimentation à l’aquarelle.

Lorsque j’étais étudiant, la mode était aux très grandes huiles abstraites sur toile. C’était le début de l’art conceptuel, où l’idée était plus importante que le travail fini. Certaines personnes déclaraient même la mort de la peinture.

Page 13 Entretien avec Andy Wood, Président de la RI

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1er prix : Zi Ling,Rikishi


Révélations

 

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Arches. 2016. 54 x 42 cm.

Le Français Joël Leroy

Je suis venu tardivement à l’aquarelle. J’ai découvert cette technique lors d’une visite à la Biennale de Brioude en 2009. Pourtant, mon approche du dessin et de la peinture remonte à ma jeunesse. Apprenti pâtissier, je peignais des décors avec du chocolat. Mon maître d’apprentissage avait remarqué chez moi une certaine aptitude pour la partie artistique du métier et m’avait encouragé à suivre des cours aux Beaux-Arts de Boulogne-sur-Mer. Mais un grave accident pendant le service militaire a mis un terme à mon métier de pâtissier. Je me suis éloigné de la peinture et du dessin. Puis j’ai entamé une carrière dans l’administration de l’Éducation Nationale. J’ai néanmoins gardé une passion pour l’art, même sans pratiquer, je prenais du plaisir à parcourir les expositions, lire des ouvrages sur la peinture. J’aime la période impressionniste, Monet, Sargent… mais mon préféré est Cézanne. Les modernes m’attirent également, Lucian Freud, Francis Bacon.

Rigueur et ténacité caractérisent mon tempérament ; il m’arrive de réaliser plusieurs fois la même peinture jusqu’à obtenir un résultat qui me convienne. Je construis mes oeuvres en respectant autant que possible les règles des Anciens (nombre d’or, valeurs…). Page 14 Joël Leroy


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Heuchera Rio. Aquarelle et gouache, 29 x 20 cm.

la britannique qui vit en France Sarah Wood

J’adore la fluidité des lavis et sa transparence. C’est ainsi que je me fascinai pour le défi consistant à utiliser l’aquarelle pour traduire chacune des gouttes de pluie et la façon dont la lumière les affecte. Je me mis à les étudier de manière approfondie : il est intéressant d’observer comment des feuilles et des fleurs différentes réagissent à la pluie. Certaines feuilles ne retiennent pas du tout l’eau, qui laisse uniquement des traces sombres, tandis que d’autres conservent la forme de chaque gouttelette. Les pétales de fleurs, eux, réagissent encore différemment : les gouttes n’y sont pas aussi remarquables. J’aime incorporer dans mes oeuvres des arrière-plans enchevêtrés de feuilles et d’herbes. Plus c’est détaillé et compliqué, plus le défi est passionnant à relever.

Mon conseil : n’ayez jamais peur de vous attaquer à des sujets du quotidien. On trouve toujours de la puissance dans les ombres et la lumière qu’offre le plus ordinaire des objets.

Page 17 Sarah Wood

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Promenade. 70 x 50 cm

Le Français Didier Brot

Dans la hasardeuse aventure des chemins de l’aquarelle à inventer au jour le jour, il faut du courage, de l’imagination, de l’exigence, de la persévérance et du talent. S’offrent à tout artiste engagé dans cette quête deux voies abruptes. Celle du « plus » : plus de savoirs, plus d’effets, plus de mondanités et de relations, plus de présence médiatique, plus de succès probablement. Et l’autre voie, celle, plus spirituelle et austère, du « moins ». Pas du moins de savoirs, bien au contraire, mais des savoirs dépassés, moins d’effets de style chics et gratuits et plus d’intériorité. Chemin aussi a contrario de la mode du temps et donc à une certaine distance par rapport au légitime besoin de considération et de succès. Mais faisant la part belle à l’indépendance, à la liberté et à la sincérité.

Fort de cette approche, Didier Brot réalise de petites séries thématiques à l’aide d’une technique, d’un support, d’une ambiance colorée. Tout pour une écriture limitée dans le temps et l’espace afin d’éviter d’être reconnu, catalogué, étiqueté. Ensuite, il change tout et commence une nouvelle aventure aquarellée.

Page 16 Didier Brot

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Anchored at Clarke Quay. 38 x 56 cm.

Le Singapourien Marvin Chew

Je peins ce que je vois et ce que j’aime, capturant l’ambiance ou l’atmosphère particulière de mon environnement, de mes activités quotidiennes, de paysages et de scènes urbaines. On m’assimile souvent à un « metteur en beauté », parce que je transfère des scènes banales dans des compositions impressionnistes à l’aquarelle imprégnées d’un aspect nostalgique. Mon inspiration naît de l’observation du monde qui m’entoure. J’adore peindre sur le motif, où la confrontation directe avec le sujet et sa relation avec son environnement m’offrent d’abondantes et d’intéressantes possibilités en termes de composition et de design.

J’ai peint à l’aquarelle toute ma vie, et pourtant je trouve cette technique toujours aussi stimulante et épanouissante. J’aime la luminosité et la flexibilité qu’elle permet. Si elle ne donne pas trop droit à l’erreur, elle n’est pas pour autant un médium pour perfectionnistes : il est quasiment impossible de dompter son flux naturel. J’ai passé ces dix dernières années à essayer de trouver un moyen de la contrôler et de lui dicter mes choix, mais je commence à réaliser qu’on devrait plutôt la laisser « se peindre » toute seule. Mon job en tant qu’artiste consiste seulement à la guider jusqu’à obtenir un résultat en phase avec ma conception de la beauté.

Page 18 Marvin Chew

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Joie de vivre. 55 x 70 cm

La française Agnès Le Dantec, gagnante du concours de juin 2016

Quand je veux de la densité, je travaille à l’acrylique sur papier ou sur toile pour pouvoir revenir souvent dessus et faire de très nombreux glacis. Mes sujets seront aussi plus « émiettés » qu’à l’aquarelle, d’ailleurs les acryliques pourraient très facilement leur servir de démarrage : contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’aquarelle n’est pas une esquisse d’autre chose ! Quant à la technique mixte, que j’aime spécialement, elle autorise toutes les libertés, ce qui est le guide suprême de mon travail. J’aime expérimenter les effets, me créer des matières nouvelles, comme si les papiers collés, repeints, étaient des couleurs surprenantes.

Je prends toutes les couleurs ! Les rouges, oranges, rose Opéra, jaune, avec du plaisir pour le jaune de Naples (Sennelier) qui, très dilué, renvoie la lumière. Dans les bleus, je choisis l’outremer pour la granulation, le bleu de Prusse pour faire des verts de printemps éclatants mélangé au jaune citron ; les cobalt et céruléum plus rarement, ou alors pour combinaison, avec prudence en raison de leur opacité relative.

Page 88 Agnès Le Dantec

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Cridone Creek, evening light. 63 x 100 cm.

La peinture préférée de Ross Paterson

Tandis que le soleil baissait, j’ai pu voir que l’ombre au premier plan prenait de plus en plus d’importance. Non seulement elle me permettait d’indiquer l’ambiance, mais aussi de simplifier et d’unifier la composition dans son ensemble. La partie la plus complexe fut sans doute le lavis final pour l’ombre froide, appliqué sur la couche sous-jacente aux tons chauds, dans un équilibre prédéterminé de chaud et de froid afin de suggérer l’illusion de la lumière du soleil. Appliquer ce mélange de bleu outremer et d’un peu de rose permanent a été la dernière étape du tableau…et la plus dangereuse, car je pouvais alors tout perdre.

Pour peindre le cours d’eau, j’ai appliqué la peinture sur la partie préalablement mouillée : les trois primaires (jaune, rouge et bleu) ont été appliquées de manière équilibrée afin de donner un gris-bleu chaud. L’eau est devenue jaune vif dans la partie supérieure, afin de rendre compte des reflets de la colline en plein soleil. Mon objectif global était de représenter le changement progressif des tonalités de l’eau,alors qu’elle s’assombrissait en se rapprochant du premier plan.

Page 80 Ross Paterson

 

Ma dernière peinture

Ces artistes ont déjà été publiés dans l'Art de l'Aquarelle, nous retrouvons leur dernière peinture.

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Drapeaux pour la liberté,
  Thierry Duval
50 X 50 CM

Notre président nous a demandé de pavoiser le drapeau français en hommage aux attentats : c’est ce que j’ai fait, dans cette aquarelle prémonitoire, deux semaines avant.

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Spiegelgung,
Viktoria Prischedko
95 X 75 cm

En étant sur le fil entre la réalité et l’onirique, entre l’abstraction et la figuration, je peux à la fois créer des associations et évoquer des souvenirs.

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Chevalier,
Slawa Prischedko
120 X 90 cm

J’aime laisser le papier au repos à l’étape de la composition, afin d’améliorer le contraste entre ce qui est représenté et ce qui est pensé

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Sunlit flowers and apples,
Arnold Lowrey
46 X 63,5 cm.

Mes contours sont flous, sauf au niveau du point focal. Cela nécessite de maîtriser l’eau et la fusion des couleurs.

 

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Sans titre, 56 X 62 cm. aquarelle et encre de chine,
Cao Bei-An
56 X 62 cm

Ombres et lumière bondissent et se confrontent, au rythme du pinceau qui danse.

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Butterfly pea, 35x55 cm
Adisorn Pornsirikarn
35x55 cm

Le paradoxe entre la douceur du sujet et la vivacité de la touche est là pour stimuler le regard.

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Anticipation of Good,
Dylan Scott Pierce
58x79 cm

Bien que sa vie soit remplie de difficultés, cette femme fait pousser de belles choses dans le jardin de son coeur

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Bancel bleu,
  Marc Folly
36x35 cm

Je demeure toujours aussi attaché à l’ambiance et l’univers des ateliers, un thème que je n’épuiserai sans doute jamais.